Une seconde. Deux. Peut-être plus. Si Kath n'avait pas été aussi énervante, si moqueuse, et si elle avait laissé Kamiko tranquille, certainement qu'elle aurait pu se débrouiller seule face à ces Yakuza. Mais elle était là, perdue entre tous ces sentiments divers, entre toutes les sensations qu'elle pouvait ressentir. Elle se battait contre Kath pour ne pas perdre le fil de ses propres sentiments. Elle ne savait même plus si elle devait avoir peur que ces hommes s'en prennent à elle, ou si elle devait éclater de rire, voir même les agresser à son tour. Mais c'est alors qu'un homme vint entre eux.

Elle ne le voyait que de dos, mais elle imaginait très bien le duel de regard qui faisait des étincelles entre eux. Son dos était large, et il semblait grand de là où elle était du moins. Et à le regarder intensément, Kath lui murmurait quelques tristes mots, comme des sentiments qu'elle voudrait refouler.

Plus vite qu'elle ne l'aurait pensé, l'homme qui était venu à sa rescousse s'était tourné vers elle. Il l'aida à se relever, et le son de sa voix l'aida à reprendre le dessus sur Kath. Ses yeux vagabondaient. Elle soupirait, battait des cils. Qu'est-ce qu'il venait de lui dire ? Elle avait étudié l'anglais en cours, mais cet accent... Il lui semblait à la fois familier, et l'empêchait de comprendre. Elle avait toutefois réussi à capter quelques mots. Kamiko pu alors en déduire sa phrase.

Comme vous voudrez. Je vous remercie de votre sollicitude.

Le ton de sa phrase, contrairement à lorsqu'elle était tombée à la renverse, était beaucoup plus sûr. Légèrement hautain même. Cependant, on pouvait déceler sa faiblesse dans sa silhouette légèrement voutée, les bras croisée, et à ses yeux qui allaient et venaient toujours entre tous les gens. Elle essayait de ne pas courir pour retourner se cacher dans son appartement.

Est-ce qu'on peut aller chercher ce pour quoi je suis là et ensuite aller dans un endroit plus calme s'il vous plait ?

Élan d'exaspération. Soupire. Agitation. Avant même s'il ne réponde quoi que ce soit, elle reprit son chemin vers le Saint Graal. Ses yeux affolés cherchaient la figurine parmi tous les Goodies qui étaient disposés. Non. Non. Non. Non. Ce petit mot se répétait dans sa tête. A la fois pour valider le fait que l'objet de ses rêves n'était pas en vue, mais aussi pour ne pas céder à la folie qui la guettait de nouveau. Elle se sentait énervée. Suivie. Épiée. Oppressée. Le souffle court, elle continuait de foncer droit dans le tas. Elle se fichait bien des gens qui rouspétaient, qui s'énervaient à son tour à son passage. Il fallait qu'elle sorte de là.

C'est alors qu'au loin, elle la vit. L'épée en l'air, son petit short noir et sa longue cape. Les couettes noires démesurées. Oui, elle était là. Un sourire naquit alors sur son visage, et elle captait de nouveau la joie des gens qui l'entouraient. A nouveau, excitation et bonheur. C'était à comprendre pourquoi elle perdait la tête. Kath était si imprévisible, si lunatique. Une chose, une autre, elle échangea sa monnaie contre la figurine et, la tenant contre sa poitrine comme on tiendrait quelque chose de fragile et précieux, elle fit demi-tour.

Monsieur ? dit-elle, en cherchant cet étrange homme qu'elle avait complètement oublié sur place.

La jeune fille ne voyait plus le Russe. Elle avait beau parcourir les différentes personnes du regard, il lui était impossible de reconnaître son visage dans la foule qui s'amassait autour d'elle. La panique prenait peu à peu place en elle. Son visage se déformait à mesure que sa capacité mentale l'envahissait. Ses yeux se plissaient, et ses sourcils se rejoignaient presque. La bouche entre-ouverte, crispée, c'était comme un viol mental de tous ces sentiments qui s'acharnaient sur elle. Quelques personnes la regardaient. Et elle ressentait alors moquerie, inquiétude, rire, pitié. Elle pleurait, elle riait, elle criait. C'est alors qu'elle tomba à genoux, serrant contre sa poitrine sa figurine tant aimée. Un couple vint alors à sa rencontre.

Mademoiselle ? Est-ce que vous allez bien ? S'inquiétait l'homme, en essayant de la prendre par les épaules.

LAISSEZ MOI ! LAISSEZ MOI ! KAAATTH ! Hurlait Kamiko en se débattant.

L'homme fit un bond en arrière à la voir si hystérique, et sa copine quant à elle semblait vouloir pleurer de tant de violence. Qui est Kath ? Est-ce que quelqu'un s'appelle Kath autour de nous ? Est-ce qu'elle cherche quelqu'un ? Ils regardaient tous les deux autour. Non, personne ne semblait réagir spécialement en entendant cette folle hurler à la mort devant eux. Beaucoup riaient, se moquaient d'elle. Certains en rajoutaient en lui hurlant à leur tour de se taire. Les animateurs l'ignoraient complètement. Etait-elle donc vraiment seule ? Le couple ne comprenait pas pourquoi. Il se releva alors, et rejoignit sa compagne qui se cachait le visage dans ses mains dans un élan de frayeur.

C'est à ce moment là que Jared arriva, la trouvant écroulée, à rire et pleurer à même le sol.

HAHAHAHHAHA NOOOONNN !! Ne me laissez pas... Ne me laisser PAAAAAAAAAAAASSS KAAAAATH !! LAISSE MOI !! NON NON non...non...