Une douce lumière passait au travers des rideaux rapidement tirés la veille, dans la chambre endormie. A vrai dire, il s’agissait de l’une des plus belles suites qu’offrait le CST. Cela devait bien faire quinze minutes que l’homme allongé sur le lit, sous une couverture de belle facture, avait ouvert les yeux. Il observait tranquillement les quelques particules de poussières danser dans le rayon de lumière rassurante du matin. Il n’avait pas l’habitude de trainer au lit – et pour tout dire, il n’était pas encore six heures quarante-cinq –, mais ce matin, le ballet des particules de poussières lui semblait plus qu’intéressant. Finalement, il repoussa les couvertures et se leva presque d’un bond, lâchant au passage un soupire.
Il se dirigea vers la salle de bain. La suite était silencieuse. Le double vitrage isolait la résidence des nuisances extérieures et seules quelques agents d’entretient et certains assistants personnels avaient le droit de passer les gorilles qui gardaient nuits et jours la seule entrée de l’appartement. L’homme, Aiden Leicester, prit d’un geste nonchalant sa brosse à dent ainsi que le dentifrice mentholé et entreprit de se brosser les dents. Une partie de son rituel quotidien. Après s’être brossé les dents pendant une dizaine de minutes, refusant intentionnellement de penser à la multitude de requêtes et analyses primordiales qu’il allait devoir traiter aujourd’hui, il prit de l’eau froide entre ses mains et y plongea le visage. C’est ainsi, l’eau froide courant le long de sa peau légèrement bronzée aux traits délicats bien que fermes, qu’il se regarda pour la première fois de la journée dans un miroir. Pendant près d’une minute, ces yeux fixèrent celle de son double avec une intensité peu commune.
Se désintéressant visiblement de son reflet, Aiden entreprit de retirer son pantalon de pyjama et par la même occasion son boxer – seuls vêtements qu’il portait alors. C’était un bel homme, sous toutes les coutures, pourtant il restait toujours célibataire malgré toutes ces femmes qui l’abordaient lors des galas du CST. Pas que des femmes d’ailleurs. Il faut dire qu’Aiden Leicester était l’un des partis les plus prisé de New Island. Les années se faisant on aurait pu penser que l’agitation à son sujet serait passée, mais rien n’en était.
L’eau chaude qui coulait sur sa peau ainsi que la pression de la douche étaient agréables. Il n’avait jamais assez de temps, mais il aimerait pouvoir rester plus longtemps sous la douche s’il le pouvait. Ou voir même prendre un bain. Mais il savait très bien qu’il allait devoir attendre un long moment avant que cela ne se produise. Prenant la serviette et commençant à s’essuyer, Aiden sortit de la douche. C’est la serviette nouée à la taille qu’il retourna vers sa chambre. Il prit le temps de tirer les rideaux. L’intense luminosité du matin l’aveugla quelques instants. Lorsque ses yeux se rouvrirent, il contemplait l’océan azuré qui entourait New Island. C’était probablement ce qu’il préférait dans cette suite : l’une des plus belles vues du CST. Il était bien dommage qu’il n’ait que quelques minutes pour en profiter le matin ou le soir avant d’aller se coucher.
Avec un regret, il se détacha de ce paysage idyllique pour se diriger vers sa penderie. Une chemise blanche, un costume gris anthracite et une cravate noire plutôt classique. Parfait pour la journée qui l’attendait. Redressant le col de son costume d’une main, il tenait dans l’autre la tablette qui se trouvait plus tôt sur la table de chevet. Comme d’habitude le nombre de réunions et de rendez-vous n’avait fait qu’augmenter au cours de la nuit. Si seulement il dormait plus que quelques heures, peut-être ne serait-il pas aussi las au réveil. Enfin, il l’avait bien choisi cette vie !
C’est ainsi équipé de son téléphone et de sa tablette que le Haut Conseiller quitta ses appartements. A sa sortie, ses assistants étaient déjà à la porte, l’attendant avec une certaine impatience. Prenant le temps de saluer les gardiens, Aiden laissa ensuite à ses assistants le plaisir de faire pleuvoir sur lui une quantité effroyable d’affaires urgentes. Il était tellement rodé à l’exercice qu’il trouvait presque amusant ce spectacle que lui offraient ses employés. Se battre pour savoir qu’elle affaire nécessitait son attention en premier. Il sourit et laissant son calme déteindre sur ces assistants, il les entraina à sa suite vers les hautes sphères du CST.
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